Entretien avec Thanh Nam Mai

Au printemps 2021, pendant le confinement, nous avons initié les rencontres en visio avec les « ancien∙nes du Pôle Sup’93 », nos diplômé∙es !

Le moment nous a semblé idéal pour prendre le temps d’échanger sur leurs parcours depuis leurs « années Pôle » et partager ce que chacun∙es avaient retenu de leur expérience au Pôle Sup’93.

Bonjour Thanh Nam. Merci de nous consacrer un peu de votre temps.

Pouvez-vous nous raconter ce que vous devenez et quelles sont vos actualités ?

J’ai passé mon DNSPM à l’été 2019 et en janvier 2020 j’ai été engagé au conservatoire d’Ermont comme professeur de percussions traditionnelles, à mi-temps. Deux mois plus tard, il y a eu la crise sanitaire et le confinement. Être tout juste diplômé, sans expérience et passer en mode à distance… c’est assez compliqué !

Au niveau musical, pendant cette période, je n’ai pas pu faire grand-chose avec toutes les fermetures. Comme beaucoup d’autres musiciens, j’ai fait des spectacles sur le balcon pour les voisins.

J’en ai profité pour faire des vidéos ! J’ai utilisé plusieurs instruments (flûte vietnamienne et percussions) à la fois pour mon « auto-promotion » et faire connaitre la musique que je fais.

J’ai aussi répondu à un appel à projets que j’ai reçu via le Pôle Sup’93, pour les Ateliers Medicis. J’ai envoyé le projet que j’ai développé pendant le confinement pour les élèves de première année qui n’ont pas d’instruments à la maison. Je propose une suite pour percussions à partir de ce qu’on peut trouver à la maison. Par exemple des ustensiles de cuisine … ça été très bien accueilli, que ce soit par le directeur du conservatoire dans lequel je travaille, les élèves ou même les parents qui ont envie de participer ! 

Racontez-nous comment vous avez fait vos vidéos. Que mettez-vous en avant ?

J’ai absolument tout fait pour la première vidéo : scénario, tournage, musique… Mon idée est de faire connaître les instruments vietnamiens en passant par des musiques faciles à écouter, pour intéresser plus de gens.

Pour ma première vidéo, j’ai choisi une musique de dessins animés et un personnage qui touche beaucoup les vietnamiens, car c’est le manga que tous les vietnamiens ont lu ! Il s’agit de Doraemon, un petit chat bleu. J’ai repris le thème et j’ai fait un arrangement pour flûtes et percussions vietnamiennes. Comme Doraemon a une poche plaine d’outils, je me suis servi du marteau pour me frapper, me décupler et ainsi faire plusieurs choses en même temps. Il y a donc 8 « Nam » à l’écran :  un qui fait de la flûte, un qui fait de la percussion, un qui fait le chef d’orchestre, etc.  J’ai été un peu aidé pour les effets spéciaux par un ami. 

La deuxième vidéo, je l’ai faite sur une musique encore plus connue, la musique du film « Le Parrain ». D’un côté le « Parrain » européen et de l’autre le « God father » vietnamien. Chacun joue de la flûte. C’est un duel entre la flûte traversière occidentale et la flûte traditionnelle vietnamienne… Cette fois nous avons tourné de façon plus sérieuse : 

La troisième vidéo, c’est une vidéo d’explication pour montrer comment on a fait les autres :

J’aimerais faire connaitre les instruments traditionnels vietnamiens à travers ces vidéos. C’est pour ça que j’ai utilisé des musiques accessibles et connues par tout le monde. C’est plus facile pour montrer par exemple, tout ce que l’on peut faire avec une flûte vietnamienne.

 

Le directeur du conservatoire où je travaille a vu ces vidéos et les a trouvées intéressantes. Il m’a demandé d’en faire une pour la promotion de la classe de percussions. J’en ai donc fait une série avec les percussions de la cuisine : 

Je reviens sur votre poste à Ermont. Vous aviez des inquiétudes quand vous passiez votre Diplôme d’Etat au Pôle Sup’93 car il n’y a pas de classes de percussions traditionnelles dans les conservatoires. Comment ça se passe ? 

Plus facilement que prévu ! Une des professeures du Pôle Sup’93, Véronique Durville, qui s’occupait des projets artistiques à vocation pédagogique du cursus DE, m’a envoyé une annonce pour un recrutement de professeur de percussions traditionnelles. J’y ai postulé et j’ai eu le poste avec des élèves de premier et second cycle.

Au départ c’est une classe de percussions africaines et brésiliennes ! Et moi je suis le seul professeur en France de percussions traditionnelles vietnamiennes ! Je continue à enseigner ce qui se faisait dans cette classe : des percussions africaines et brésiliennes. Mais je réfléchi à introduire la musique vietnamienne…

Qu'est-ce que vous retenez de votre apprentissage au Pôle Sup’93 ? 

Une grande ouverture d’esprit. Le Pôle Sup’93 est un peu à part, surtout dans le domaine « jazz, musiques improvisées, musiques du monde ». Les étudiants ont la chance de travailler tous ensemble, dans des ateliers collectifs. Les étudiants ont tous des cultures et des approches différentes de la musique. Travailler ensemble, ça m’a permis de m’ouvrir à toutes ces autres cultures et en même temps ça m’a donné confiance. Dans ce cursus, nous étions tous les lundis et mardis ensemble : on est tous devenus amis, à discuter, à manger et à faire de la musique ensemble !

Pourriez-vous nous parler des rencontres que vous avez faites au Pôle Sup’93 et pourquoi elles ont été importantes pour vous ? 

Les profs que j'ai eus sont vraiment bien, que ce soit humainement ou pédagogiquement. Ce sont tous des musiciens et des professeurs actifs. Quand ils font des concerts ; ils partagent avec les étudiants les projets sur lesquels ils travaillent. Chacun a sa spécialité… c’est vraiment top !

Est-ce que vous avez gardé le contact avec les professeurs, les camarades ? Est-ce que vous avez des projets avec eux ? 

Oui, on a tous gardé le contact. J’ai un projet avec Tristan Iatca, un camarade de promo du Pôle Sup’93 et deux danseuses autour des mouvements de la danse et la percussion, l’impact entre les deux disciplines.

Quel est votre souvenir le plus marquant du Pôle Sup’93 ? 

L’image qui me vient en tête, c’est le bâtiment à La Courneuve. On dirait une maison, un petit château et surtout, ça a l’air beaucoup plus petit que cela ne l’est en vérité. Nous, les étudiants «  jazz et musiques improvisées », on a passé beaucoup de temps après les classes devant la porte, à discuter, à prendre l’air. Des moments de partage. Quand il faisait beau on était sur la terrasse, on pouvait manger

Qu'est-ce que vous diriez à un jeune musicien qui se pose des questions. Pourquoi lui conseillerez-vous le Pôle Sup’93 ?

Il y a plein de bons points. L’équipe pédagogique est vraiment super et très présente pour les étudiants qui eux-même ont une très bonne relation entre eux.

 

Juin 2021

Diplômé du Pôle Sup'93 - DNSPM en 2019, DE en 2021
Jazz & musiques improvisées, percussions traditionnelles