ENTRETIEN AVEC MARIE ISHII
Dans le cadre de notre suivi des parcours professionnels des diplômés du Pôle Sup'93, nous avons le plaisir de vous présenter le portrait de Marie ISHII, flûtiste ayant obtenu son DNSPM en 2018
Bonjour Marie, qu’est-ce que vous a apporté le Pôle Sup’93 ?
Les nombreux projets variés proposés par le Pôle Sup'93 permettent d'avoir une vision assez large de ce qu'il est possible de faire en musique, sans enfermer les étudiants dans un seul type de parcours ou de voie. Tout le monde est le bienvenu avec ses spécificités, avec sa personnalité, avec ses envies. Donc je me suis sentie à ma place et j'ai pu aussi réfléchir à la musicienne que j'avais envie de devenir.
La rencontre avec certains professeurs passionnants a été déterminante, comme ma professeure de flûte, Sophie Deshayes, qui m'a permis de repenser ma pratique de l'instrument, qui m'a soutenue tout au long de mes études, et avec qui j'ai la chance de travailler aujourd'hui au CRR 93 Jack Ralite !
J'étais en triple cursus (DNSPM, licence de musicologie et DE) tout en enseignant à temps plein pour financer mes études. Il m'a donc fallu déployer une grande énergie et apprendre à m'organiser efficacement dans mon travail afin de tout mener de front.
Le lien entre le CRR 93 et le Pôle étant étroit. Lors de mes études au Pôle Sup'93, j’ai commencé à enseigner pour le dispositif de la classe orchestre du CRR, jusqu'à ce qu'on me confie petit à petit des heures d'enseignement. C'était un honneur qu'on m'accorde une telle confiance !
Qu’est-ce que vous avez fait en sortant du Pôle Sup’93 ?
Bien que le Pôle m'ait beaucoup apporté, le cursus et le fonctionnement étaient tout de même lourds alors que j'étais une étudiante qui allait en cours, qui rendait ses devoirs à temps, qui travaillait sérieusement. Et à la fin de mes études, je ne trouvais plus tellement de sens à ce que je faisais, il devenait pesant de devoir rendre des comptes en permanence.
L'été suivant, je suis partie en tournée au Japon avec mon père, et j'ai retrouvé la bienveillance d'un public qui était là pour voyager, parce que ça leur faisait tout simplement plaisir d'écouter un concert sans pointer du doigt la moindre fausse note. Et l'envie de jouer, de partager, et de monter des projets qui me feraient vibrer est revenue.
J'ai donc décidé de prendre une année pour me concentrer un peu plus sur la pratique du piccolo que j'affectionne depuis mes jeunes années d'harmonie municipale. J'ai passé un DEM de piccolo dans la classe de Pierre Monty au CRD d'Aulnay-sous-Bois. Et puis je travaillais déjà dans l'enseignement à temps plein, donc je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer !
J'ai également pu trouver l'espace suffisant pour me concentrer sur mes projets de l'époque et pour réfléchir à mes projets futurs.
Quels sont vos projets actuels ?
Je suis membre permanent de l’Orchestre Sous Influences, dirigé par Ernesto Insam depuis 2021, au sein duquel j’occupe le poste de 1ère flûte et pour lequel j’ai également des taches d’organisation, de communication, etc. Nous nous donnons comme mission d’apporter la musique dans des régions isolées et de collaborer avec des associations locales œuvrant également pour la diffusion de la culture sur leur territoire. Nous nous produisons aussi bien en orchestre complet qu’en petites formations de musique de chambre.
Je forme également le duo Izanami avec le pianiste Guillaume Masson depuis 2020. Étant franco-japonaise, il m’était évident d’explorer la diversité musicale de mon pays. Avec Guillaume, nous jouons de la musique exclusivement japonaise : musique traditionnelle, chansons populaires, répertoire « classique » et contemporain, musique de films d’animation, Jpop, etc. Nous avons un programme « type » de concert, mais nous nous produisons également en spectacle à Paris créé par la Framboise Productions autour du célèbre réalisateur Hayao Miyazaki.
En 2017, nous avons fondé le Ishii’S duet avec mon père, le guitariste Toshiji Ishii. Nous jouons en France et surtout au Japon des œuvres originales comme des arrangements.
Parallèlement à tout cela, j’ai plusieurs projets / collaborations sur le feu (scratch, slam, etc), des enregistrements, ainsi que des « cachetons » avec divers ensembles.
Selon vous, pourquoi choisir le Pôle Sup’93 lorsqu’on est un étudiant musicien ?
C'est une des rares formations pour laquelle il n'y a pas de limite d'âge. On trouve donc des profils très différents, des musiciens qui ont suivi d'autres études en parallèle, qui ont une vie active sans avoir passé de diplôme, etc. Donc globalement, on sait pourquoi on vient dans ce Pôle Sup !
L'enseignement qui y est prodigué est large, il y a des professeurs investis et passionnants. Grâce aux différents partenariats (IRCAM, Académie Fratellini, etc.), on découvre plein de voies possibles et cela permet d'ouvrir des perspectives nouvelles.
Pour finir, avez-vous une anecdote à nous partager sur votre cursus au Pôle ?
En dernière année, à l’occasion de la fête de la musique, le Pôle Sup’93 avait organisé une journée hors les murs, où plusieurs temps de musique étaient prévus dans différents lieux d’Aubervilliers et de La Courneuve. Avec les copines de la classe de flûte, nous avons formé un quatuor pour l’occasion et nous nous sommes amusées à aller de lieu en lieu pour jouer des quatuors, la meilleure manière de terminer mon cursus.
Sinon, je n’ai pas forcément une anecdote en tête, mais un ensemble d’événements marquants, comme la recréation d’Altra Voce de Berio à l’Ircam, le workshop avec le flûtiste Michael Schmidt autour de la flûte circulaire fabriquée par Jean-Yves Roosen et Noémie Stadler, etc. Plein d’expériences riches et passionnantes !
Propos recueillis par Anaïs Hondermarck, stagiaire en communication au Pôle Sup'93

Diplômée du Pôle Sup'93 - DNSPM en 2018.