Depuis le printemps 2021, pendant le confinement, nous avons initié les rencontres avec les « ancien∙nes du Pôle Sup’93 », nos diplômé∙es !

Le moment nous a semblé idéal pour prendre le temps d’échanger sur leurs parcours depuis leurs « années Pôle » et partager ce que chacun∙es avaient retenu de leur expérience au Pôle Sup’93.  

Je m'appelle Eloïse Guesdon, je suis ancienne étudiante du Pôle Sup'93, en clarinette. J'y ai validé mon Diplôme d'État en juin 2021.

Actuellement, j'enseigne au Conservatoire de Laval Agglomération et j'y ai quatre missions : l'enseignement de la clarinette (qui occupe les 3/4 de mon temps), la médiation culturelle auprès de deux salles de spectacles, des interventions auprès de personnes en situation de handicap, et je fais des cours d'éveil musical + éveil musique et danse.

Cette diversification est une volonté de ma part : avoir différentes casquettes m'apporte de l'intérêt.

J'ai eu la particularité de venir d'un autre Pôle Supérieur, je suis donc arrivée "après tout le monde", en cours de cursus (les cours que j'avais validés auparavant étant validés, ce sont les cours restants que je devais suivre au Pôle Sup'93), mais j'ai été extrêmement bien accueillie : mes camarades m'ont tout de suite intégrée aux groupes, comme tout le personnel du Pôle Supérieur.

J'ai été marquée par la bienveillance et l'exigence dans cet établissement, ainsi que le suivi très rigoureux (que je n'avais en tout cas pas connu auparavant, ailleurs). C'est extrêmement précieux.

J'ai beaucoup apprécié aussi en particulier le Travail de Recherche Pédagogique : il nous met en situation de chercheur, de prendre le temps pour chercher, réfléchir, déployer sa pensée par écrit (ce que nous avons moins l'occasion et le temps de faire durant notre carrière). Cela m'a d'ailleurs permis de rencontrer des personnes-ressources qui m'aident aujourd'hui à travailler en lien avec le handicap (c'était le sujet de ma recherche, en particulier sur la surdité).

Le souvenir qui a ressurgi en refaisant le chemin pour revenir au Pôle Sup'93, c'est celui de la soutenance de mon mémoire. J'étais très stressée, j'avais l'impression de jouer gros, de présenter mon engagement et ma vie toute entière. Mais les jurys m'ont mise immédiatement à l'aise : nous étions dans une communication, dans un dialogue (c'était la première fois que je pouvais véritablement dialoguer ainsi avec un jury, sur mon travail). C'était exigeant mais tout en bienveillance, ce que j'ai beaucoup apprécié.

J'étais agréablement surprise de voir qu'il y avait des modules spécifiquement dédiés au handicap. Au vu de mes acquis antérieurs, je n'avais pas à suivre ces ateliers, mais j'ai demandé si c'était possible d'y participer tout de même et on m'a répondu par l'affirmative. Avant de faire le Pôle Sup'93 j'envisageais un Master de Musicothérapie, mais j'ai décidé de me vouer d'abord pleinement à la clarinette. Le milieu hospitalier n'a toutefois pas cessé de m'intéresser, et le mémoire que j'ai rédigé au Pôle Sup'93 dans le cadre de mon Diplôme d'État m'a permis de faire énormément de recherches, de prendre énormément de contacts et de faire beaucoup de rencontres (y compris avec des personnes auprès desquelles j'ai suivi des formations, pour lesquelles je deviens désormais intervenante). J'ai en outre réalisé mon projet de fin de DNSPM à l'Hôpital Necker. Je joue de la clarinette aussi en service de réanimation (cette année encore).

C'est incroyable, la relation qui se tisse avec les patients, de tous âges...

J'ai également eu une tutrice de stage très généreuse au CMA 10, qui m'a accompagnée tout au long de mon parcours au Pôle et encore après pour la titularisation.

J'ai obtenu cinq heures d'enseignement supplémentaires au Conservatoire de Laval (je suis passée de mi-temps à trois-quarts-temps). J'ai continué à me former : le Travail de Recherche Pédagogique du Pôle m'a amenée à suivre des formations sur le handicap (formations que je continue aujourd'hui). Chaque année je suis quatre à cinq formations (à chaque fois le conservatoire les accepte et je leur en sais gré). Ainsi, je ne m'arrête pas à ce que je fais, à là où j'en suis en tant que professeure : j'essaye de m'alimenter le plus possible grâce aux formations.

J'interviens désormais à l'Hôpital de Jour de Laval, en pédopsychiatrie. Je viens de conclure des séances avec des 3-6 ans, et je commence avec des 7-9 ans (ils sont scolarisés, à tiers-temps ou mi-temps, diagnostiqués en partie pour des troubles de l'attention).

Je suis en recherche permanente, et d'ailleurs cela m'aide beaucoup pour le jeu à la clarinette.

Je cherche et travaille notamment beaucoup sur les supports : les situations de handicap demandent de multiplier les supports et de trouver le bon support, avec le sens correspondant (stimulant le visuel tout particulièrement par exemple). J'ai ainsi créé des émoticônes reliées à un jeu à la clarinette. Et j'utilise finalement aussi ces supports avec tous mes élèves clarinettistes, ils adorent et en redemandent.

Je monte actuellement mon auto-entreprise pour proposer de l'éveil musical en crèches, écoles maternelles (certainement des écoles Montessori), ainsi qu'auprès d'enfants en situation de handicap.

Plus tard j'aimerais peut-être coordonner le département handicap d'un conservatoire, mais je veux d'abord enrichir mon expérience.J'aimerais également monter à nouveau un projet de conte musical pour les enfants hospitalisés (comme nous l'avions fait avec trois collègues à l'Hôpital Necker autour de Ma Mère l'Oye).

Propos recueillis par Charles Arden, Conseiller Pédagogique au Pôle Sup'93