ENTRETIEN AVEC ALICE FAGARD

Au printemps 2021, pendant le confinement, nous avons initié les rencontres en visio avec les « ancien∙nes du Pôle Sup’93 », nos diplômé∙es !

Le moment nous a semblé idéal pour prendre le temps d’échanger sur leurs parcours depuis leurs « années Pôle » et partager ce que chacun∙es avaient retenu de leur expérience au Pôle Sup’93.

Bonjour Alice. J’aimerais savoir ce qui s'est passé pour vous au Pôle, avant, pendant, après… Commençons par une question : quelle musicienne êtes-vous devenue ?

J'espère que je suis devenue musicienne ! On a toute sa vie pour devenir musicien…

Je suis une musicienne gourmande, au sens musical : j'aime bien toucher à tout, j'aime faire plein de choses et ça tend parfois à l'hyperactivité. Gourmande, enthousiaste et heureuse !

Pouvez-vous nous parler de vos projets actuels ? Que faites-vous aujourd'hui ?

Ça va prendre du temps ! Je travaille avec deux ensembles vocaux qui sont spécialisés dans la musique contemporaine, la musique des XXe et XXIe siècles et la création. Il s'agit de Sequenza 9.3 et Musicatreize.

A Sequenza, j’ai un investissement très particulier, un investissement de territoire en Seine-Saint-Denis. J’habite le 93, j’y ai grandi et j’y ai fait mes études. C'est un ensemble qui me tient à cœur, j’y fais beaucoup d’action culturelle et de coordination... A Musicatreize je ne suis que chanteuse et j'aime beaucoup aussi.

Je travaille avec une équipe de recherche qui est liée à l’Université Paris 8, « Euridice 1600-2000 »,  dans laquelle on expérimente la façon dont la  recherche peut nourrir l'interprétation, et inversement. Je me suis retrouvée dans l’aventure grâce à Joël Heuillon, que j’avais croisé au Pôle – il faisait partie de mon jury d’entrée. Dans l'équipe on a tous des profils très différents, des rapports différents à la recherche et à la pratique musicale. La plupart sont des amis avec qui j'ai beaucoup de projets, notamment Simona Morini qui dirige une compagnie à Provins, Errance, avec laquelle j'ai des projets de musique et de théâtre. Elle est chanteuse de tradition méditerranéenne. On fait des ponts entre la musique de tradition écrite et la musique de tradition orale.

Dans l’équipe il y a aussi Adrien Alix, qui est un ancien du Pôle Sup’93, contrebassiste et gambiste. Avec lui j’ai un duo, « I Peregrini », viole de gambe et voix. On fait beaucoup de musique du XVIIe italien. Il m'a par ailleurs intégrée à un collectif de marionnettistes dont il fait partie, « Le printemps du machiniste ». On vient justement de passer deux semaines de résidence à Carrières-sous-Poissy, au Château éphémère, pour un projet d'opéra baroque avec des marionnettes.

Je fais aussi de l'oratorio, je chante en soliste avec des chœurs (la Petite messe solennelle, par exemple…). En ce moment je suis sur une production de l’opérette Pomme d'Api d'Offenbach, en tournée en 2021-2022. Pomme d’Api, c’est un rôle qui a priori, dans les codes de l’opérette, est le plus souvent un rôle distribué à des sopranos légers, avec des physiques légers et dynamiques… Mais en termes de notes il n'y a rien de non chantable pour moi, donc j'ai passé l'audition et finalement ça a marché. Le metteur en scène, Olivier Broda, est courageux, plein d'imagination et de poésie. Avec lui je fais aussi des lectures musicales. On travaille, avec lui et une autre chanteuse, Julia Beaumier, sur une lecture de 40 minutes qui s'appelle Confessions culinaires, qu'on a tournée dans le Morvan....

J’ai encore plusieurs partenaires de musique de chambre. Je fais partie d’un trio avec flûte et piano, « L’Offrande lyrique », trio avec lequel je fais du répertoire écrit pour cette formation, mais aussi quelques arrangements. On a un programme autour des Années folles. Je travaille avec une pianiste avec qui je fais surtout du lied, on adore la seconde école de Vienne, d’ailleurs notre duo s’appelle Klangfarbe...

Je travaille aussi avec Nadia Bendjaballah (percussions) et Maialen Loth (alto), toujours des anciennes du Pôle... Avec Adrien, Nadia, Maia et un ami accordéoniste, Sven Riondet, on a un quintette qui s'appelle « Les Youkali ». On a aussi joué beaucoup en trio avec Adrien et Nadia, par exemple un programme qui s'appelle Folk songs and love songs, avec notamment les Folk songs de Berio arrangés pour viole de gambe, vibraphone et voix. En fait, ce sont plusieurs formations à géométrie variable qui se recoupent.

Je travaille avec une compagnie théâtrale qui s'appelle Gyntiana, implantée à Aubervilliers et Pantin. Je fais d’ailleurs aussi un peu d'action culturelle pour eux. J’ai chanté dans une adaptation d'Ulysse de Joyce, en épisodes, dans laquelle j’ai embarqué Adrien et Nadia. Je connais le metteur en scène, Georges Ghika, depuis de nombreuses années, donc parfois je m'occupe de la partie musicale et je fais travailler les comédiens… On a monté Peer Gynt, le Songe d'une nuit d'été... Peer Gynt c'était un spectacle en 32 langues, co-porté par Auberbabel, l'association de mes parents qui défend la diversité linguistique. Et l’une des comédiennes de la troupe, Jutta Wernicke, avait joué dans mon projet personnel de fin de Pôle Sup’, Les sept péchés capitaux de Kurt Weill.

J’ai régulièrement des concerts avec Canto Allegre, un groupe de chanteurs avec qui je travaille depuis mes 17 ans ! Sans parler de projets plus ponctuels, par exemple Alice Oratorio avec un collectif d’improvisateurs de jazz… J’en oublie encore, mais en bref, je fais plein de choses... la gourmandise, ça me correspond bien !

Racontez-nous comment vous avez rejoint Musicatreize et Sequenza ?

Musicatreize est un des rares ensembles que j’ai intégrés après audition. Les autres projets se sont plutôt faits par le bouche à oreille, parce que j'avais travaillé pour l'un ou pour l'autre... J'ai passé l'audition pour Musicatreize en 2018. Ils m'ont écrit pour me dire qu'ils avaient aimé mais qu'ils n'avaient pas besoin d'alto à ce moment-là... Et l’année suivante, deux altos sont entrées à Radio France et j’ai intégré Musicatreize. Je vais régulièrement travailler avec eux à Marseille, et j'adore le répertoire, il me fait vibrer... c'est presque une drogue. Il y a des œuvres très différentes bien sûr, mais le point commun, c'est que cette musique demande une concentration extrême qui maintient sans cesse en éveil. Il faut tout le temps se remettre en question, chercher du son, chercher des choses nouvelles...

Pour ce qui est de Sequenza, je connais Catherine Simonpietri depuis très longtemps. J'ai tout fait à Aubervilliers, le conservatoire puis le Pôle Sup’93, j'ai passé 22 ans dans la maison ! Déjà quand j'étais au chœur d'enfants avec Scott Alan Prouty, je voyais passer Catherine de temps en temps. Puis j’ai chanté dans un chœur qu'elle dirigeait à l'époque au conservatoire, le chœur à voix égales. J'avais 14/15 ans et j'étais complètement fan, j’attendais toujours le jeudi avec impatience, j'étais emportée dans la musique, c'était incroyable. Un jour elle a arrêté de diriger ce chœur, mais je l'ai retrouvée après. Il y a quelques années, elle m'a proposé d’être coach du pupitre alto dans un projet du Grand chœur du Conservatoire. J’ai animé des ateliers, j'ai fait travailler les amateurs et je renforçais le pupitre. Petit à petit j'ai ensuite de plus en plus travaillé avec elle.

Pouvez-vous nous parler de votre investissement dans l'action culturelle sur le territoire ? 

Je vais le dire de façon un peu lyrique, car je suis chanteuse lyrique (rires)… Le 93, c’est un département où j'ai grandi et qui m’a beaucoup donné. Je suis heureuse de rendre un peu de ce que j'ai reçu. J'habitais à Aubervilliers avec mes parents, donc c’est au conservatoire d'Aubervilliers – La Courneuve que j'ai suivi toute ma formation, en solfège, en flûte à bec, au chœur d’enfants, puis bien sûr en chant dans la classe de Daniel Delarue. Je suis allée à l'école à Aubervilliers avant de rejoindre un collège spécialisé pour l'allemand. J’ai adoré la scolarité que j'ai faite dans ma ville. À l’école comme au conservatoire, j'ai eu des enseignants merveilleux.

L’action culturelle, il faut que ça ait un sens. Je m'y engage quand je pense que ça correspond à une volonté et une générosité profonde de la part des compagnies ou des ensembles. C'est le cas pour Errance, de façon structurelle, et c'est le cas de Sequenza. C’est cette générosité permanente qui me donne envie de m'engager. Ce qui est génial, c'est qu'on est tout le temps bouleversé dans nos habitudes et nos certitudes. Une classe de collège ne ressemble pas à une autre classe de collège, ne ressemble pas à un EHPAD, ni à des enfants de primaire... ce sont des expériences humaines intenses et pleines de surprises!

En quelques mots, pouvez-vous nous raconter en quoi ça consiste, très concrètement ?

C'est difficile de le dire en quelques mots parce que ça peut se décliner de plein de manières différentes. Il y a d’abord les projets participatifs. Par exemple, ce premier projet avec Sequenza dont je parlais, Inedia Prodigiosa, c'était un immense projet avec une centaine de femmes du Grand chœur, un chœur de jeunes filles dirigé par Marie Joubinaux - qui était ma chef au chœur d’enfants, mais aussi mon intervenante quand j'avais 5 ans en CP ! - et Edwin Baudo, et l’ensemble professionnel. Il y a maintenant le projet La Décision de Hanns Eisler, qui n'a pas pu avoir lieu en mars 2020 mais qu'on relance pour 2022 avec la Philharmonie. 300 amateurs, des gens de centres d'hébergement d'urgence, d’Emmaüs… Plusieurs chefs de chœur s'occupent de faire répéter les groupes, et moi je suis un électron libre qui peut passer de l'un à l'autre, mais je suis beaucoup avec Catherine, par exemple pour aider à la prononciation de l'allemand ou la compréhension du texte... Ce sont des projets titanesques, qui réunissent des gens très différents.

Avec Errance, c'est un peu le même principe. Dirigé par Simona, à Provins, c'est un chœur amateur mais une fois sur scène, on s'en fiche de savoir qui est pro et qui est amateur. L'idée, c'est qu'on est tous ensemble sur scène. On a monté Didon et Enée avec Simona, Adrien, Joël et bien d’autres. J'étais là pour chanter Didon, mais aussi pour faire travailler les autres chanteurs, dont certains solistes qui venaient du chœur. J’aidais à faire travailler le chœur, ou un pupitre du chœur pendant que Simona s'occupait d’un autre groupe ou de la mise en scène.

Il y a aussi le travail en milieu scolaire, c’est encore autre chose. Cette année, avec Sequenza, on a fait un projet très intéressant dans la façon dont l'intérêt pédagogique s’accordait avec l'intérêt artistique. On peut faire des choses très réussies du côté pédagogique mais qui, une fois sur scène, ne fonctionneront pas, et inversement. Donc il faut trouver des choses qui marchent des deux côtés. Il est tout à fait possible de faire des projets avec des enfants qui n'ont jamais chanté avant et qui s'insèrent dans un déroulé de spectacle professionnel. Et que cela fasse sens pour tout le monde. Je suis intervenue 6 fois dans deux classes d’une école primaire à Aubervilliers pour faire travailler les enfants sur une berceuse du répertoire de Sequenza ; une berceuse arrangée pour 6 voix de femmes par François Saint-Yves, issue d’un répertoire qu'on a tourné dans les parcs l’été... Avec ces berceuses, on peut faire plein de choses faciles à travailler avec des enfants sans que ça demande au départ une conscience polyphonique très développée. A cette occasion, on a découvert une petite soliste qui était merveilleuse ! Le jour J, c'était un concert de Sequenza avec la participation de deux classes, et avec cette petite fille en solo. C’était très émouvant.

Avec Errance et Simona, on mène aussi plusieurs projets en milieu scolaire, mais on est surtout intervenus deux années de suite dans un EHPAD à Paris. C'est une expérience incroyable parce qu’on ne sait jamais vraiment ce qui va se passer. On rebondit sur leurs propositions, on apporte des éléments chorégraphiques - il y a deux danseurs avec nous : on arrive à les faire chanter, on arrive à les faire danser, on arrive à rire avec eux. Au début j'avais de l'appréhension mais quand on sort de là, on est complètement émerveillés et pleins d’énergie!

Quel a été votre parcours quand vous êtes sortie du Pôle Sup’93 ?

Au départ, j'ai énormément monté de concerts avec des copains. On louait des salles à Paris et on montait les programmes qu'on voulait. C'était une liberté folle! Parallèlement à ça, je continuais à faire passer des colles d’allemand en prépa - ce que je faisais déjà quand j’étais au Pôle Sup’93, parce que j'ai failli être prof d'allemand. Donc je faisais passer des colles, je faisais des concerts et je commençais à avoir des engagements, mais j'ai eu du mal à sortir de cette façon de faire « avec les moyens du bord ». J'étais presque toujours déficitaire, j’y mettais toute mon énergie… et je n’arrivais pas à en vivre. Le jour où j'ai compris ça, ça a marché presque tout de suite, j'ai réussi à avoir le statut d'intermittente assez vite. En fait, cette période qui m’avait permis de faire plein de rencontres m’a donné du travail ensuite. Ce sont des choses qui se font progressivement.

Et je me suis mise à écrire ! Un roman pour enfants, La maîtresse a de la moustache, va paraître en mai 2023 chez Alice Jeunesse, avec des illustrations d’Eva Chatelain.

L'histoire questionne le genre ?

Oui, mais ce n'est pas quelque chose de militant, c'est plutôt sur l'imagination. Ça pose principalement la question des normes corporelles, une question importante pour moi.

Pour avoir passé beaucoup de concours, je sais que le milieu de l’opéra est très calibré, l'apparence notamment y joue un rôle extrêmement important. Même si je rêve de chanter certains rôles avec orchestre, même si beaucoup de collègues qui chantent à l’opéra sont formidables, je préfère chanter dans des projets où les critères sont uniquement artistiques : la poésie et l'imagination, la recherche, quelque chose qui soit toujours vivant... Et plus le temps passe, plus je trouve que travailler avec des gens qu'on estime et qu'on aime, c'est l'essentiel.

Qu'est-ce que le Pôle Sup’ 93 vous a apporté ?

Ce qui était formidable au Pôle, c'était le foisonnement qui mettait toujours la curiosité en éveil. De façon très concrète, les rencontres, puisque beaucoup de gens avec qui je travaille sont des gens que j'ai croisés au Pôle. Musicalement, j’aime le fait de toucher à plusieurs répertoires. Le goût très prononcé que j'ai pour la musique contemporaine et la création, je l'ai attrapé au Pôle. La session que j’ai faite avec Martin Matalon et les cours d'impro de Philippe Pannier font partie des choses qui m'inspirent le plus aujourd'hui musicalement, notamment quand je mène des ateliers... Et je n'aurais pas dit ça à l'époque ! J'adore l'impro, je me sers de tout ce que j'ai appris dans ses cours.

J’ai adoré les cours d'analyse avec Jean-François Boukobza, une merveille. Quelle que soit notre discipline instrumentale ou vocale, on a besoin de ce rapport analytique à la partition.

On a parlé d'Adrien, de Joël... est ce qu'il y a encore d'autres rencontres que vous avez faites au Pôle, que vous continuez de voir et avec qui vous faites encore des projets ?

Adrien, Nadia, Maia, Joël... Ce ne sont pas seulement des relations de travail mais aussi des amitiés très fortes. J’ai aussi travaillé avec Stanley Smith, et même si on ne s’est pas vus depuis longtemps ça a été une rencontre assez importante. J'ai travaillé quelque temps avec David Hurpeau, qui entre temps est parti dans les Vosges et aussi avec Sarah Lefeuvre. Et je recroise de temps en temps Lola Malique.

Si vous deviez raconter un seul souvenir au Pôle ?

La session avec Martin Matalon, O king de Berio à l'Institut Cervantes… Mais je pourrais dire aussi les cours de musique de chambre, avec Valérie Guéroult, Isabelle Grandet ou Julien Guénebaut. J’y ai fait du trio notamment, avec Maia et Matthieu Ribuot. On a monté Les Zwei Gesänge op. 91de Brahms et une pièce de Klaus Huber écrite pour la même formation… C'est un très beau souvenir.

Je peux citer des phrases qui m’ont marquée. La première de Valérie Guéroult : « quand on a passé un concours, une audition, un concert ou un moment difficile, quoi qu'il soit advenu de l'épreuve, il faut se récompenser d'une façon ou d'une autre ». Ça me plaît beaucoup parce que je peux aller manger un baba au rhum après !

Une autre d’Isabelle Grandet : « N'importe quelle fausse note, n'importe quel couac, si c'est immédiatement suivi de plus de générosité, de plus d'amour, on peut pardonner. »

Je me le dis très souvent car la musique est un art qui va de l'avant, alors si on se renfrogne après avoir fait un couac, après avoir raté une entrée, et qu'on donne moins au lieu de donner plus, ça ne va pas… Il faut arriver à compenser, à réagir par plus d'amour. C'est dit d'une manière un peu lyrique mais j'y pense très souvent, parce que des couacs, il y en a toujours, à tous les niveaux, et dans tous les contextes.

Et une dernière de Jean François Boukobza :  « On a vraiment de la chance de vivre dans le beau, de vivre avec la beauté ». J'y pense tout le temps. On vit des moments fatigants et avec le Covid on a eu des périodes pas faciles, mais je trouve que je fais le plus chouette métier du monde et que c'est une chance incroyable de vivre avec la musique et la beauté tous les jours.

Que diriez-vous à quelqu’un pour qu’il rejoigne le Pôle Sup’93 ?

Le côté pluridisciplinaire permet d'avoir des éclairages différents sur notre discipline et plus de recul sur notre pratique. Je parlerais de ce foisonnement, des rencontres humaines et musicales incroyables qu'on y fait, des projets… Et pourquoi le Pôle sup’ 93 plutôt qu'un autre ? Parce que le 93 ! Aubervilliers, La Courneuve, ce sont des banlieues dont on peut dire plein de choses mais qui sont absolument passionnantes. C'est un département souvent mal aimé et dénigré… Mal aimé parce que négligé, mais qui a des richesses folles !

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Diplômée du Pôle Sup'93 - DNSPM en 2013
Musiques classiques à contemporaines, chant