Interview des étudiant·es de jazz et musiques improvisées de Pôle Sup’93 suite à leur visite à la Guildhall School of Music & Drama : “CELA DONNE UNE PREMIÈRE IMAGE DE CE QUE CELA POURRAIT ÊTRE LÀ-BAS, D’ÊTRE ÉTUDIANT À LA GUILDHALL” 

Interview des étudiant·es de jazz et musiques improvisées de Pôle Sup’93 suite à leur visite à la Guildhall School of Music & Drama : “CELA DONNE UNE PREMIÈRE IMAGE DE CE QUE CELA POURRAIT ÊTRE LÀ-BAS, D’ÊTRE ÉTUDIANT À LA GUILDHALL” 

Dans le cadre de la promotion des échanges culturels et académiques menés par le Pôle Sup’93, quatre étudiant·es du département de Jazz et musiques improvisées se sont rendus à Londres, en Angleterre, pour rencontrer les étudiant·es et enseignant·es de la Guildhall School of Music & Drama les 15 et 16 novembre 2023. Pendant ces deux jours, Théo Morel, Yannice Lavaly, Lisa Flandi et Axel Nicora ont eu l'opportunité de participer à différents cours, des concerts et d'échanger avec les musiciens de Guildhall. À leur retour, nous les avons interviewés pour en savoir un peu plus sur cette expérience. 
 
Pouvez-vous nous raconter votre séjour à Londres et votre visite à la Guildhall School of Music & Drama ? 

Théo Morel : On a pris l'Eurostar mercredi 15 novembre suite à l’invitation de l'équipe administrative de la Guildhall de participer à un programme de 2 jours, qui mélangeait le fait d'assister à des cours en tant qu'auditeurs libres et la participation à des ateliers. Il faut savoir que notre séjour a eu lieu pendant le Jazz-Festival de Londres, avec lequel la Guildhall a un partenariat, donc dans ce cadre il y avait peut-être un peu plus de masterclasses que d'habitude.  
 
La Guildhall en termes de taille c’est environ 10 fois le Pôle Sup’93, c'est-à-dire que chacun de leurs départements est l'équivalent du Pôle, c'est plus une ambiance de campus. En fait, c'est un grand parc d'étudiants, ils ont des logements sur place nous étions d’ailleurs logés à cet endroit. Il y a une forte vie étudiante sur place et le soir où on est arrivés, il y avait une Jam organisée par une partie des étudiants en autonomie dans leur lieu de résidence. Nous avons pu y participer et avons profité de l’occasion pour leur a joué un morceau que nous avions préparé nous avons ensuite improvisés avec eux. 

Quels cours avez-vous suivis pendant votre visite et qu'avez-vous appris de ces cours ? 

Yannice Lavaly : Le mercredi matin, nous sommes arrivés pendant un cours de percussions brésiliennes. C'était assez intéressant puisque c'était assez similaire au cours que nous avons ici avec Paul Mindy. 

Théo Morel : Ensuite, nous avons participé à un cours d'histoire du jazz également assez intéressant donné par Barry Green sur Keith Jarrett, en l'occurrence sur la période des quartets américains et européens, et qui a été illustré par des écoutes d'albums et en jouant différents extraits au piano. 

Yannice Lavaly: Après cela, nous avons pu assister à un concert dans le cadre du London Jazz Festival. C'était un concert d'élèves qui participaient à ce festival dans l'une des salles, le Milton Court Concert Hall. 

Avez-vous eu l'occasion d'échanger avec les étudiants de la Guildhall School ? Pouvez-vous nous parler de ces échanges ? 

Lisa Flandi : Oui, on a pu échanger pendant la Jam et autour d'un verre aussi. Théo avait également ramené des instruments de la Réunion pour pouvoir faire un petit échange, montrer davantage ce que nous faisons dans notre vie quotidienne, en tout cas pour nous trois. La Jam était particulièrement axée sur les courants bebop et hardbop, donc c'était un échange intéressant. Pour ma part, je ne suis pas très jazz standard bebop, donc je me suis dit qu'il fallait que je me remette à travailler. Mais en tout cas, c'était un bel échange. 

Qu'est-ce qui vous a le plus marqué lors de votre visite à la Guildhall School of Music & Drama ? 

Yannice Lavaly : Personnellement, la différence de taille d’établissement est ce qui m’a le plus marqué.  Cela crée une émulation assez différente de ce que nous avons ici au Pôle, même si je me plais beaucoup ici au Pôle. Mais c'est vraiment différent de travailler dans un département de 10 étudiants et dans un département de 150 étudiants. Cela ne crée pas les mêmes dynamiques. 

Théo Morel : En ce qui concerne la manière de transmettre les connaissances, il y avait quand même des choses similaires, avec différentes approches. Les différences sont surtout visibles dans le cadre des concerts et des relations autour d’un projet. Une sorte d'investissement dans la manière de présenter les choses, notamment en faisant de chaque moment une sorte de “show” qui est culturellement marquant. C'est assez différent de ce que nous avons ici. Par exemple, quand ils ont présenté leur jam, il y avait cette culture globalement. Quand ils organisent leurs événements, il y a cette idée d'accompagnement et de travail sur l'aspect présentation.  
 
Nous avons également rencontré des personnes qui étaient à la fin de leur cursus de 4 ans, et nous avons échangé avec les musiciens. Cependant, la réalité économique d'une ville comme Londres crée un grand écart : le prix des cursus, le prix des études et même ensuite le coût de la vie et les possibilités... Je dirais à la fois les possibilités de travail, mais aussi le type de travail ou de musique possible pour pouvoir mener une carrière. Il y a quand même un impact des problématiques économiques sur place. Peut-être en parlerons-nous un peu plus avec Robert Mitchell lorsqu'il repassera au Pôle Sup, mais il semble assez difficile de présenter sa propre musique sur place, en dehors du cadre fonctionnel que la plupart des étudiants semblaient remplir. C'est-à-dire jouer pour des mariages, jouer pour certains concerts, dans des bars, des restaurants, ce genre de projets en général. 

Comment cette expérience à la Guildhall School a-t-elle contribué à votre développement académique et culturel en tant qu'étudiant-artiste ? 

Théo Morel : C'est toujours intéressant de voir comment les choses se font, que ce soit avec d'autres bagages culturels ou même d'autres systèmes d'organisation. Là en l'occurrence, il y avait quand même une manière d'organiser les choses assez rigoureuses, qui est fonction du nombre d'étudiants, par exemple les horaires de cours, la méthode de travail dans les cours, le type de répertoire abordé, etc. Tout ça ce sont des choix qui peuvent rappeler le fonctionnement ici au Pôle aussi, mais c'est intéressant de les observer et d'avoir un miroir pour voir quelles sont les différences entre ce que nous faisons et ce qui est fait là-bas. Et puis c'est aussi l'occasion de se faire quelques contacts. Nous avons quand même rencontré plusieurs personnes avec qui nous avons sympathisés. Nous ne savons pas si cela aboutira à quelque chose, mais en tout cas c'est un premier contact. L'idée de ce voyage était aussi de se présenter à la Guildhall School pour que leurs étudiants puissent venir ici l'année prochaine et de voir quels échanges peuvent être mis en place, surtout maintenant après le Brexit, et de voir quels liens peuvent être établis entre les ensembles musicaux et les écoles des deux côtés. 

Un mot pour décrire cette expérience ? 

Yannice Lavaly : C'était très intense. Le séjour était bien organisé, nous avons vu et participé à beaucoup de choses intéressantes. Malheureusement, étant donné que c'était très court, tout était rassemblé sans forcément laisser le temps de souffler. C’est vrai qu'un séjour plus long, par exemple, nous aurait permis d'assister à plus de cours, de faire plus d'échanges, peut-être de jouer avec eux ou d'être programmés sur un concert, que ce soit en ouverture de jam avec des élèves ou d'autres choses. Un temps plus long là-bas serait intéressant pour vraiment prendre le temps d'échanger et de se rencontrer également musicalement. 

Lisa Flandi : Cela donne un peu une première image de ce que cela pourrait être là-bas, d’être étudiante à la Guildhall. Donc même si c'était très intense, c'est comme si nous avions changé de vie en 2 jours et que nous étions rentrés à fond dans une autre dynamique. C'était très intéressant de pouvoir expérimenter cela. Nous avons eu des expériences privilégiées. Nous avons également assisté à un concert à la Barbican Hall avec un super violoncelliste chanteur accompagné de l'Orchestre symphonique de Londres(LSO : London Symphony Orchestra). Musicalement, l’artiste était très inspirant, à la sortie du concert nous avons eu besoin de temps pour nous en remettre. Le concert que nous avons vu était très inspirant. C'était une super bonne expérience.